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Et une promesse de plus !!!



Et une promesse de plus !!!

440) Hauteurs Africaines de Habib Kane/Jacky Giornal (Jacky)

On peut trouver cet excellent recueil à la formidable libraire « La mémoire du monde » au 36 rue Carnot à Avignon !!!

Hauteurs Africaines

J’avais 5 ans quand nous avons déménagé pour venir habiter rue de Bambey à Diourbel. La maison se dressait sur un ancien verger en zone inondable. Une masure comme il y en avait tant dans le quartier. L’inconvénient majeur était l’absence de murs qui d’ordinaire ceinturent les propriétés pour arrêter les eaux en cas de fortes pluies en juillet et août, les mois d’hivernage.
Ce terrain en léger contrebas avait facilité la plantation et l’épanouissement de goyaviers, qui chaque année, produisaient une quantité de fruits incroyables. Ce verger était le royaume de mon enfance. Mes parents, après la fin de chaque hivernage, élaboraient avec l’aide des voisins une palissade en tiges de mil pour nous donner un semblant de vie privée. La clôture englobait les fruitiers. À l’époque, au Sénégal, tout le monde était autorisé à venir cueillir des fruits, cela tombait sous le sens. Personne n’aurait pu imaginer une seule seconde qu’un jour quelqu’un puisse monnayer ces sources de vitamines.
Mais avec ma "classe", filles et garçons du même âge, nous avions décidé que c’était un trésor qu’il fallait protéger coûte que coûte ! Chaque jour nous nous réunissions et quand nous avions terminé de jouer au foot entre les arbres qui nous servaient aussi de buts, nous grimpions sur les plus hautes branches, en prenant soin de ne pas abîmer les jeunes pousses des fruits. Notre observatoire surplombait notre quartier très populaire et nous permettait d’avoir une vue imprenable. Le tronc du goyavier était un bois très résistant mais aussi très souple, on imaginait piloter un avion et on se balançait en faisant prendre à la branche des angles qui défiaient toutes les lois de la gravité.
Nous prenions de la hauteur physiquement mais surtout psychologiquement. Nous nous imaginions tous devenir roi ou reine d’une province ou chef d’un village et on commandait à tour de rôle nos armées de lilliputiens que représentaient les voisins qui vaquaient à leurs occupations sous nos regards hautains...
(Extait)


Habib KANE
BP 427
Diourbel, Sénégal
Au tarif « Livres et brochures »
http://bidon5.chez.com/