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La saison des prunes...



Aujourd'hui, part le livre "La saison des prunes", du camérounais Patrice Nganang, qui est par ailleurs l'auteur, entre autres, de "Manifeste d'une nouvelle littérature africaine".
Écoutons l'auteur lui-même introduire le roman et nous révéler le mystère d'un titre si juteux :
"À Yaoundé, la saison des prunes découvre le coeur du pays.... (La prune)... Emballée dans du papier de ciment ou dans un morceau de journal, elle est vendue trois à cent francs, un prix que personne ne saurait remettre en question sans se faire houspiller. En fin de journée, elle est parfois déversée sur la chaussée, simplement comme ça, en montagne de déchets aux mouches...
Pourquoi, dites-moi, pourquoi je pense quand commence la saison des prunes à ce gaspillage de la capitale - qui s'en fout, en réalité, qu'il y ait des prunes ou non, mais les adore pourtant? Ah, sa saison si brève me rappelle toujours le temps où notre pays avait découvert, sinon le noeud de sa propre violence, plutôt celle du monde, et pour y répondre, avait jeté dans les routes du désert ses fils qu'on nommait alors tirailleurs sénégalais, comme les revendeuses jettent le soir les prunes qu'elles n'ont pas pu livrer à la braise..."
En effet, c'est l'histoire de ces hommes " jetés sur les routes en guerre" aux côtés de la France que ce livre nous convie à découvrir.

Roman de l'amitié entre deux hommes, l'un futur chef indépendantiste et l'autre indécrottable poète rêvant d'une poésie camérounaise forte et vive, ce livre nous raconte aussi comment leur destin va être violemment intercepté par l'irruption de la seconde guerre mondiale et l'arrivée de De Gaulle et Leclerc, venus organiser au Caméroun les prémices de ce qui va devenir l'armée de la Libération.
Que cette Libération ait commencé en Afrique, avec une poignée de soldats africains dépenaillés, sans expérience réelle des armes, mais remplis d'un désir de lutter contre le fascisme et en apportant à la "France Libre" ses premières victoires militaires contre les postes italiens disséminés sur le continent, est l'un des nombreux "points sur les I" que nous offre ce récit.
Gageons que si cet imbécile de Sarkozy avait lu "La saison des prunes", il n'aurait pas osé prononcer son tristement fameux discours reprochant aux Africains de n'être pas "entrés dans l'Histoire".
Comme quoi la lecture est encore et toujours l'antidote rêvé à la crasse intellectuelle de la plupart de nos élus.
Et vivent les prunes !
(Daniel V)

Pas d'arrivage cette semaine mais des livres sont partis...

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